Déclaration d’Astra Woodcraft

Posted by on November 13, 2012 in Translations | Comments Off on Déclaration d’Astra Woodcraft

*Moi, Astra Woodcraft, déclare ce qui suit :*

1. J’ai plus de 18 ans.

2. Les affirmations ici contenues découlent de ma connaissance personnelle et, si je suis appelée à témoigner, je les confirmerai.

3. je suis née en 1978 à Londres, en Angleterre. A cette époque, ma mère était membre de l’église de scientologie.

4. Vers 5 ou 6 ans, ma mère m’a conduit à l’organisation scientologue nommée Saint Hill, East Grinstead, Sussex. Là, j’ai reçu approximativement 12 heures « d’audition ». Un « auditeur » m’a demandé : « Regarde ce mur, merci, marche vers ce mur, merci, touche ce mur, merci, éloigne-toi de ce mur, merci » et d’autres consignes du même ordre. Je devais suivre ces consignes de manière répétitive.

5. Pendant mon enfance en Angleterre jusqu’à mes 7 ans, ma mère appliquait la technologie scientologue à des maladies. Quand je me blessais, elle réalisait une « aide par contact », ce qui veut dire que si je m’étais cogné le coude, je devais toucher la partie concernée jusqu’à ce que cela aille mieux. Je n’avais pas le droit d’arrêter jusqu’à ce que cela aie mieux. Si j’étais malade, elle me touchait avec son doigt et me disais : « Sens mon doigt ». Cela durait jusqu’à ce que je me sente mieux. En fait, je ne me sentais pas mieux grâce à ça, mais je prétendais que c’était le cas sinon elle aurait continué jusqu’à ce que je dise que ça allait bien.

6. Durant toutes mes années passées dans la scientologie, dans toute l’audition que j’ai reçue, je ne me suis jamais senti bien après. J’ai inventé des gains pour m’en débarrasser et en général je me sentais soulagée quand c’était fini, mais craignais de devoir faire d’autres sessions. J’ai toujours gardé cela secret car la scientologie pense que si une personne ne retire aucun gain de l’audition, c’est une personne suppressive.

7. En 1986, j’avais 7 ans et le père de ma mère est décédé. Il lui a laissé un peu d’argent qu’elle a utilisé pour aller à « Flag » (à Clearwater, Floride), l’organisation où les cours supérieurs de la scientologie sont délivrés. Pendant qu’elle était là-bas, elle a été recrutée par la Sea Org, à laquelle ses membres consacrent leur vie entière et soi-disant le prochain milliard d’années. Son but est « d’éclaircir la planète » c’est-à-dire de convertir tout le monde à la scientologie et de les amener à l’état de « Clair ». Elle nous appeler pour nous avertir qu’après avoir signé son contrat et commencé à y travailler.

Elle nous a dit que nous devions tous nous engager, que nous devions déménager à Flag pour vivre dans un bel appartement, que nous, les enfants, irions dans une bonne école privée, et que tout cela serait payé par la scientologie. De plus, elle nous a dit qu’elle et mon père aurait du temps libre supplémentaire le week-end et chaque soir.

8. Lorsque nous sommes arrivés à la Sea Org en 1986, nous habitions – ma mère, mon frère, ma sœur et moi – dans une chambre de motel pendant plusieurs semaines. Ensuite, nous avons déménagé dans les logements de la Sea Org pour les familles avec enfants appelés QI (Quality Inn) et à ce moment-la mon père nous a rejoint. De nouveau, nous avons habité à cinq dans une petite chambre de motel pendant 3 mois, jusqu’à ce que mon frère déménage. Ensuite, nous sommes restés à quatre dans cette chambre pendant une année, jusqu’à ce que je déménage dans un dortoir avec 4 ou 5 autres filles. Je dormais sur un canapé, n’ayant pas de lit à disposition. J’ai habité là pendant un an, jusqu’à la fin de notre séjour à Clearwater.

9. Nous ne sommes jamais allé à l’école privée comme promis, mais à l’école publique. En deux ans, ma mère n’a pris que trois jours de congé. Elle n’a pratiquement jamais passé avec nous le temps consacré à la famille (une heure et demi), restant au bureau de l’autre côté de la ville. Un an après notre arrivée à Clearwater, mon père nous a quittés pour participer aux travaux d’entretien du Freewinds, le navire de la Sea Org. Comme j’habitais dans un dortoir, que mon père était parti et que ma mère ne nous consacrait pas de temps, je ne voyais pour ainsi dire pas mes parents.

10. Pendant cette période, nous sommes retournés une fois en Angleterre pour renouveler nos visas. Mon père, mon frère et moi avons supplié ma mère de ne pas nous ramener en Floride, parce que nous n’avions pas aimé notre séjour. J’ai beaucoup pleuré à ce sujet. Ma mère a refusé et insisté pour que nous y retournions.

11. Pendant les deux ans passés à Clearwater, j’allais à l’école jusqu’à 14 heures, puis travaillai à la « Cadet Org », où nous réalisions différents travaux, tels des nettoyages. Le week-end, nous travaillions aussi.

12. En 1988, à l’âge de 9 ans, ma mère a été promue à un nouveau poste à Los Angeles, Californie. A notre arrivée, mon père a pris un congé pour obtenir de nouveaux visas et travailler pour payer nos dettes. Nous nous sommes installés dans un petit appartement délabré. Après un mois, nous avons déménagé dans un vrai appartement, payé par mon père.

13. Pendant environ une année, de 9 à 10 ans, j’ai été dans la Cadet Org de Los Angeles. C’est là où allaient les enfants des membres de la Sea Org. La journée, nous allions en classe dans un bâtiment loué avec deux niveaux : les plus âgés et les plus jeunes. L’enseignant n’avait aucune formation ni diplôme d’enseignant, c’était un « superviseur » scientologue. Nous n’avions pas de leçons, devant travailler directement à partir des livres et réaliser des « démonstrations » en terre glaise à partir de ce que nous apprenions. Si nous faisons les imbéciles, le superviseur nous excluait de la classe. Cela m’est arrivé à plusieurs reprises. Une fois, à l’âge de 10 ans, une inspection de notre école était prévue. Beaucoup d’enfants sont restés jusqu’à trois heures du matin pour nettoyer les locaux.

14. Chaque jour, après l’école, nous travaillions. Nous nous rendions au sous-sol d’un des principaux bâtiments de la Sea Org où nous faisions du classement, car il y avait des montagnes de papier là-bas. Lorsque nous arrêtions vers 21 ou 22 heures, nous nous couchions sur des lits de camp ou à même le sol avec des couvertures pour nous tenir chaud. Lorsqu’elle sortait du travail, ma mère passait me prendre. Dans mon souvenir c’était entre 23 heures et minuit.

15. Après une année passée dans la Cadet Org, j’ai refusé d’y retourner.

Plusieurs événements justifiaient cette décision. Un garçon s’est énervé, a grimpé au sommet d’un panneau et a menacé de sauter et de se tuer ; un autre m’a jeté un cancrelat et m’a frappé. Ma mère insistait pour que j’y reste, mais j’ai refusé et suis allée vivre avec mon père.

J’ai continué à aller dans leur école, mais après quelques mois, on m’a dit que je devais soit travailler dans la Cadet Org ou partir.

A ce stade, mon père m’a inscrite dans une école privée. C’était une école scientologue, à la demande de ma mère.

16. Dans l’école scientologue où j’allais, appelée « Ability Plus », il y avait de nouveau deux classes.

Il n’y avait pas de programme, ni de cours, et aucun élève n’a terminé son lycée, même s’ils affirmaient que c’était possible.

Nous avons simplement travaillé à partir des livres et des feuilles de contrôle des connaissances. Notre « enseignant » passait plusieurs heures par jour à nous lire le livre de science-fiction de L. Ron Hubbard appelé « Terre, champ de bataille ».

17. A 14 ans, j’ai commencé un cours de scientologie au Celebrity Center d’Hollywood. Très vite, deux recruteurs de la Sea Org m’ont approchée. Ils recrutaient pour Bridge Publications, qui est une organisation de la Sea Org. Ils m’ont dit que si je rejoignais leur groupe, je gagnerais le salaire minimum (plusieurs centaines de dollars par semaine, ce qui représente beaucoup d’argent pour une adolescente), que je n’aurais pas à porter l’uniforme, contrairement à la majorité des membres de la Sea Org et que j’irais à l’école pour finir mon éducation. Ils m’ont aussi dit que, si je voulais, je pourrais avoir des enfants plus tard. Ils ont passé plusieurs heures à me convaincre, allant jusqu’à me dire que ce qui me retenait, c’était mon « esprit réactif ». Les recruteurs s’appelaient Gavin Potter and Malcolm Chisholm. J’ai fini par accepter. Une des raisons qui m’ont convaincu, c’est que ma mère et mon frère avaient déjà essayé de me recruter et que cela leur ferait plaisir.

18. Peu après, j’ai commencé au « Estates Project Force » (EPF), sorte de camp d’initiation de la Sea Org. C’était au mois de mai 1993 et y suis restée deux semaines. A mon arrivée, j’ai dû remplir un formulaire « histoire de vie », dans lequel je devais indiquer toute expérience sexuelle, le nom de mes amis et beaucoup d’autres détails extrêmement personnels. J’ai aussi dû signer un contrat pour un milliard d’années. Je n’ai jamais eu de permis de travail.

L’horaire à l’EPF était le suivant : 06:30 réveil et habillage ; 7:00 petit-déjeuner ; 07:30 meeting, puis courir (pas marcher) atour des bâtiments pour vider les cendriers et les poubelles ; 8:00 étude des documents de la Sea Org ; 13:00 meeting et nettoyage des chaussures ; 13:15 déjeuner ; 13:45 meeting, drill et marches ; 14:15 travail (vaisselle, nettoyage des sanitaires, etc.) ; 19:00 souper ; 19:30 encore du travail ; 22:00 douche ; 22:30 meeting ; 23:15 au lit. Tout ceci 7 jours sur 7.

19. A la fin de l’EPF, en juin 1993, j’ai commencé à Bridge. Le jour de mon arrivée, j’ai été transférée dans une autre org pour 2 mois. On m’a dit que je n’avais pas le choix, n’ayant pas le « statut d’employé ». Je suis donc allée faire du secrétariat au bureau du Chef de la justice International. Je devais porter l’uniforme. Après trois mois, on m’a transférée dans une autre org, sans me laisser le choix, toujours pour la même raison. C’était l’Organisation de formation International. Là, le personnel était payé 15$ par semaine et nourri de riz et de fayots. J’ai essayé de refuser, mais on m’a répété sans fin que je n’avais pas le choix. Une fois là-bas, j’ai pensé que je ne pourrais pas survivre avec ce qui nous était servi ; j’ai donc pris de la nourriture qui ne nous était pas destinée parce que j’avais faim. C’était considéré comme du vol. Cela a duré environ une année.

20. Pendant les six premiers mois dans cette org, j’ai été réceptionniste. J’avais de la peine à suivre les six heures de cours à l’école du samedi, parce que je devais trouver un remplaçant. Là également, l’école était en-dessous de tout, avec environ 60 élèves avec un enseignant pas qualifié. Pas de cours, pas de programme et pas d’examens : on arrêtait simplement d’y aller à 18 ans ou à l’obtention du diplôme d’enseignement général.

21. Peu après être entrée à la Sea Org – j’avais toujours 14 qans – j’ai commencé une relation avec un autre membre appelé Jason Merrill. Il avait 21 ans.

Après deux mois, nous avons été fortement incités par la hiérarchie à nous marier, parce que, avant cela, rien n’était autorisé au-delà du baiser et qu’en cas d’infraction, vous étiez envoyé au « Rehabilitation Project Force » (RPF) – c’est-à-dire aux travaux forcés – pour au moins un an. Au mois de décembre 1993, j’avais juste 15 ans, Jason et moi sommes allés nous marier à Las Vegas.

22. Une fois mariés, la Sea Org n’avait pas de chambre pour que nous puissions vivre ensemble. Nous devions donc continuer à vivre dans nos dortoirs respectifs jusqu’à ce que nous trouvions quelque chose. Nous avons préféré aller habiter à deux pas de là, chez les parents de Jason. Nous avons fait cela pendant quatre mois, sachant pertinemment que si cela se savait, nous risquions gros, car les membres de la Sea Org doivent vivre dans les locaux mis à leur disposition par l’org.

23. Après ces quatre mois, le directeur exécutif International et le patron de l’Organisation des messagers du commandant (CMO) – deux huiles de la scientologie – sont venus inspecter notre org. Ils m’ont demandé si je connaissais quelqu’un qui ne vivait pas sous le toit de la Sea Org et j’ai dû avouer que mon mari et moi étions dans ce cas. On nous a ordonné de rentrer immédiatement au bercaille, mais, faute de chambre libre, nous sommes restés dans un cagibi déjà rempli aux 3/4 pendant une semaine. Nous dormions sur le sol et il n’a avait pas de fenêtre.

24. Après cette semaine dans le cagibi, nous avons déménagé dans une chambre à nous, mais après une autre semaine, elle nous a été retirée et nous avons dû déménager dans un autre bâtiment.

En fait, nous avons appris le déménagement après que d’autres membres aient vidé nos affaires. Dans notre nouvelle chambre, il manquait un carreau qui n’a jamais été remplacé, le tapis était très vieux et la peinture s’écaillait. Nous devions partager la salle de bain avec deux autres couples, sans lumière, sans rideau de bain et en général sans eau chaude. Nous y sommes restés six mois.

25. Après six mois en tant que réceptionniste, je suis devenue Maître d’armes, puis directrice des inspections et rapports. Je devais appliquer les sanctions aux 100 membres de mon org et aux 50 étudiants en formation. Mon premier cas a été celui d’un homme de 40 ans qui s’était masturbé, sa femme étant en déplacement pour formation depuis deux ans. J’étais supposée le faire arrêter. J’avais 15 ans.

26. A ce poste, j’ai eu affaire à des gens voulant quitter la Sea Org. Je devais les convaincre de rester et, en cas de refus, les condamner à de lourdes tâches et les envoyer au « confessionnal », qui durait souvent de six à douze mois, avant qu’ils soient autorisés à partir. Un couple voulait partir et l’a fait deux fois mais est revenu.

Partir sans permission est appelé « blowing ». Je devais les mettre sous surveillance étroite, et, comme il n’y avait personne pour le faire, le faire moi-même. Je dormais sur un matelas devant leur porte et relier mon poignet à la poignée de leur porte pour éviter qu’ils s’échappent. Il fut décidé que quiconque voulait partir devait être mis sous surveillance pour éviter la fuite.

27. J’ai reçu l’ordre de réaliser de nombreuses surveillances pendant mon passage à la Sea Org.

Les personnes ayant des pensées suicidaires étaient immédiatement mis sous surveillance. Les ordres provenaient du Religious Technology Center (RTC), du CMO et du Bureau des affaires spéciales (OSA). A l’époque, mon mari a surveillé pendant 9 mois une membre de la Sea Org de rang OT pour des raisons tenues secrètes ; en fait, elle avait été enceinte et avait perdu son bébé. Elle était surveillée 24 heures sur 24 par mon mari et un autre homme la journée, par d’autres employés la nuit.

28. Je devais aussi enquêter et identifier la « personne suppressive » (SP) si le département ne produisait pas assez. J’ordonnais à des gens de rédiger leur « confession », j’allais en écouter d’autres au « confessionnal », infligeai des amendes, etc. J’ai rédigé une déclaration de personne suppressive qui était déjà partie avec permission, mais devait se soumettre à d’autres sessions de confessionnal desquelles elle n’arrivait pas à venir à bout. Elle a dû se déconnecter de sa famille et de ses amis qui étaient dans la Sea org et son mari a reçu l’ordre de se séparer d’elle, mais il a refusé.

29. Depuis mon entrée à la Sea Org, j’allais de moins en moins aux six heures hebdomadaires à l’école. Je ne trouvais personne pour me remplacer et ça faisait des histoires. Par ailleurs, le programme a été encore réduit à des exercices d’orthographe et de maths. A 16 ans, j’y allais sporadiquement, à 17, je n’y allais plus du tout. Je n’avais pas l’impression de perdre grand-chose, puisque je n’y apprenais rien. Je n’ai jamais appris les maths, l’histoire, les sciences phasiques et sociales ou l’anglais. Juste de l’orthographe, des lectures, etc. Certains élèves passaient leur diplôme d’éducation générale, mais je ne l’ai pas fait puisque je n’étais pas obligée. Nous savions que le minimum légal pour un mineur est de 20 heures hebdomadaires de classe, mais la loi était volontairement ignorée.

30. Dès mes 14 ans, j’ai travaillé officiellement de 8:00 à 22:00, mais je travaillais régulièrement plus tard, parfois jusqu’à 2 ou 3 heures du matin- Nous avions 30 minutes à midi et 45 le soir, c’est tout. Nous devions même régulièrement travailler pendant nos pauses-repas. Nous avions des problèmes si nous nous rendions à la cantine en dehors de nos heures de pause. Notre horaire était de 7 jours par semaine, mais nous pouvions faire notre lessive et les nettoyages le dimanche matin. Le samedi, nous faisions des travaux manuels, tels des rénovations. En 1995, durant trois semaines, nous avons dû imprimer une énorme quantité de documents révisant toute la technologie scientologue (connue sous le nom « d’âge d’or de la tech » dans l’église). Pendant cette période, tout le personnel, y compris les mineurs, a travaillé en continu pour arriver à imprimer et relier tous ces documents. J’étais chargé d’aller réveiller ceux qui dormaient et les renvoyer au travail. Il m’est arrivé de m’endormir au volant. J’ai dormais deux hures par nuit, parfois pas du tout. J’ai reçu l’ordre de conduire alors que je tombais de sommeil et étais désorientée. Une fois, j’ai arrêté ma voiture et me suis endormie. J’ai été réveillé par un contrôleur des horodateurs qui tapait à ma fenêtre. Une fois cet « âge d’or » terminé, le personnel a été récompensé par des séances de cinéma.

31. En 1996 environ, j’avais 16 ou 17 ans, une réorganisation a été entreprise et je suis devenue responsable de l’éthique et de la sécurité pour l’encadrement intermédiaire du Bureau de liaison Flag. Un jour, le chef de la sécurité International, Jeff Porter, m’a ordonné de rassembler une équipe pour assurer la sécurité d’un événement. Je ne l’ai pas fait, car cela n’entrait pas dans mes attributions. Il est revenu en criant, m’a poussée contre le mur, a crié encore plus fort en me postillonnant au visage. Je me suis plainte, mais rien n’a été fait.

32. A 18 ans, j’ai été transférée au département Données. Quelqu’un avait dit que je n’étais pas compétente pour mon poste parce que j’avais consommé de la marijuana à 13 ans. J’ai travaillé dans ce département pendant un an. Mon chef, Wayne Furness, m’a harcelée régulièrement. D’entrée, il m’a traitée de lesbienne, mentionnant une autre fille. Cela m’a énervé et j’ai écrit un rapport à sa cheffe. Elle lui a dit d’arrêter, c’est tout. Il a arrêté de me traiter de lesbienne, mais a continué à utiliser des propos insultants tels que « Miss deux tonnes » (alors que je pèse 65 kilos pour 168 cm), « Petite nature », etc. Comme je m’élevais contre ces insultes, il m’accusait d’être une mauvaise scientologue et me menaçait de m’envoyer en éthique. Il a incité ses collaborateurs à se joindre à lui dans ses insultes. J’ai de nouveau dénoncé ces pratiques, sans effet. Tout ceci parce que, dans ce département, quiconque est « upstat » ne risque rien, quoi qu’il arrive. Quelqu’un s’est intéressé une fois à cette situation, mais sans conséquence.

33. Dans ce département, une de mes tâches consistait à réunir les statistiques hebdomadaires au niveau mondial, à les compiler dans un ordinateur et à réaliser des graphiques. Il y avait environ 300 organisations et chacune d’elles devait me remettre entre 50 et 200 chiffres chaque semaine. Tout cela devait être prêt pour le jeudi et, la veille, je restais souvent jusqu’à 3 heures du matin avec deux fois cinq à dix minutes de pause. Chaque semaine, il y avait des organisations en retard. Au fil de la journée, je recevais alors des messages de plus en plus agressifs du Bureau des messagers du commandant (CMO) International. S’ils étaient vraiment énervés, ils me téléphonaient, de 8 heures jusqu’à 21 heures. On m’a dit que « j’allais salement à contre courant », que « j’empêchais ces putains de rapport d’arriver », entre autre. Mon chef et moi recevions des appels hargneux et injurieux. C’est la manière de faire usuelle dans la Sea Org et je l’ai subie pendant toute ma période là-bas.

34. Il y a eu de nombreuses mesures mises en œuvre pendant mon passage à al Sea Org. Par exemple, l’officier responsable a décidé que nous ne pouvions plus quitter le bâtiment sans permission. Je ne pouvais donc plus déjeuner avec mon père sans permission et sans raison valable. Puis, ils ont décidé que nous ne pouvions plus déjeuner ailleurs que dans le bâtiment, ni manger autre chose que ce qui nous était fourni. Plus de pizza au bistro du coin, plus rien. Au bout de 3 ans, on nous informé que la pause du dimanche matin, prévue pour la lessive, ne pouvait pas être consacrée à autre chose, comme rendre visite à nos parents ou à nos enfants, etc.

35. A peu près à la même période, Il a été décidé que nous ne pouvions plus envoyer ou recevoir des coups de téléphone en dehors de la présence d’une personne de la sécurité. Les appels personnels n’étaient plus transmis, mais ils étaient dûment répertoriés. Une liste était envoyée à la direction et au Religious Technology Center pour qu’ils puissent juger qui était « sous influence ».

36. Les appels de mon père m’étaient rarement transmis et ne recevais des notes à ce sujet que 2 ou 3 jours plus tard. Je devais aller lui téléphoner en cachette à partir d’une cabine. A Noël, nous ne pouvions pas aller rendre visite à notre famille, ou quoi que ce soit d’autre, à part la petite excursion prévue, sauf permission spéciale, qui était parfois refusée.

37. Neuf mois avant mon départ, on m’a dit que je ne reverrais plus mon père, à moins que je réussisse à le faire revenir dans la Sea Org.

38. Il fallait aussi signaler tout cadeau fait par la famille, tout contact avec elle, ceux que nous connaissions qui avaient quitté la Sea Org. Nous devions gérer ces « influences externes », voire nous en déconnecter.

39. Le personnel était aussi entraîné à gérer nos contacts avec notre famille. J’ai par exemple appris à mentir à mon père à propos de ma présence à l’école et des heures sup’ au travail.

40. Un employé qui a des problèmes se trouve en « condition inférieure », ce qui implique certaines punitions. Une nouvelle mesure, mise en œuvre environ une année après mon arrivée, obligeait les employés en « condition inférieure » à prendre leurs repas dans les cages d’escalier ou dans le local des déchets. Ils devaient aussi faire jusqu’à 40 heures sup’ sur leur « temps libre », c’est-à-dire pendant les pauses-repas ou après 22 heures 30. J’ai été soumise à ce régime. En plus, pas de TV : les postes de TV et les lecteurs de DVD étaient confisqués et rendus que s’ils avaient un jour de congé.

41. Pendant mes presque cinq ans dans la Sea Org, je n’ai pas eu un jour de vacances avec mon mari, sauf les deux jours où nous nous sommes mariés et Noël. Je n’ai pour ma part pas eu plus de 10 à 15 jours de congé pendant cette période.

42. Environ un an et demi avant mon départ, une nouvelle mesure est sortie indiquant qu’en cas de grossesse, vous deviez soit avorter – ce qui était vivement recommandé – soit partir. Auparavant, vous deviez soit avorter, soit être envoyée dans une petite org en perte de vitesse où vous deviez vous battre pour votre survie et celle de votre bébé. Je devais gérer toutes mes collègues qui n’acceptaient pas cette mesure. J’étais aussi dans ce cas, car je voulais des enfants, d’autant qu’au moment du recrutement, on m’avait dit que je pourrais en avoir. Pourtant, je n’ai jamais rien dit, de peur des représailles.

J’en suis venue à avoir des pensées suicidaires, tellement j’étais malheureuse, mais je n’ai rien dit, car les représailles auraient été terribles et on m’aurait méprisée.

43. En septembre 1997, mon grand-père est décédé en Angleterre. J’ai convaincu mes chefs que je devais aller à ses funérailles. Au départ, ils ne voulaient pas, mais m’ont finalement accordé 8 jours. A mon retour, j’ai réalisé que je ne supportais plus d’être séparé de ma famille et ai décidé de tomber enceinte, car sinon je ne pourrais pas partir sans subir de six mois à un an de travaux forcés et de confessionnal, et les insultes de mes collègues. Je suis donc tombée enceinte en janvier 1998 et suis partie sans permission le 23 février pour rejoindre un oncle et une tante en Angleterre. Personne n’était au courant de ma grossesse. J’étais vraiment malade et je devais m’en aller. Mes chefs m’ont menacé de me déclarer personne suppressive si je ne revenais pas et de me déconnecter de ma famille. Ma mère, qui était toujours dans la Sea Org, m’appelait sans arrêt pour me dire d’avorter et de revenir.

44. Je suis retournée aux Etats-Unis le 1er avril 1998. Jeff Porter m’a dit que si je quittais à nouveau, je serais immédiatement déclarée. J’ai dit que j’allais habiter chez mon père, que je me présenterais au confessionnal tous les jours, expliquant que j’avais besoin d’une nourriture spécifique qu’ils ne pouvaient fournir. Ils m’ont dit que je devais loger sur place, sinon un ordre de non-enturbulation serait émis, ce qui signifie que si je refusais de rester, je serais déclarée suppressive.

J’ai donc accepté de rester quatre jours, la durée prévue pour le confessionnal. Le chef de la sécurité m’a écrit une lettre pour me dire qu’au-delà de ces quatre jours, je pourrais loger chez mon père si le confessionnal se prolongeait.

45. Quatre jours plus tard, ce n’était toujours pas fini, mais ils m’ont dit que la lettre n’était pas valable. Je devais donc continuer à loger sur place et mangé des plats précuits, alors que j’avais des nausées matinales. Je devais dormir par terre dans une petite pièce, attendant le confessionnal. J’y suis restée un mois.

46. Cela a pris moins de temps que prévu parce qu’ils ne voulaient pas que les autres sachent que j’étais enceinte. Un employé du Religious Technology Center m’a croisé un jour et m’a demandé ce que je faisais. Je lui ai dit que j’étais enceinte et que je partais. Sa réponse fut : « Oh, trop tard pour un avortement ? » Je connais personnellement trois cas de jeunes femmes qui ont été convaincues d’avorter.

Une d’entre elles est ma belle-sœur qui était enceinte de 16 semaines. On la convaincue d’avorter, contre sa volonté. Ma mère nous a dit, à ma sœur et à moi, que c’était une bonne chose de faite.

47. J’ai dû aussi signer un témoignage sous serment affirmant que je pensais que la scientologie et la Sea Org étaient géniales et que je partais parce que j’étais incapable d’affronter mes erreurs. Je devais signer avant de partir, sinon je serais déclarée personne suppressive. J’ai signé tout en sachant que c’était illégal, car signé sous contrainte. C’était une politique standard de la Sea Org : si vous ne signiez pas, vous retourniez au confessionnal et autres brimades jusqu’à ce que vous changiez d’avis.

48. Dans les mois qui suivirent mon départ, j’ai été convoquée plusieurs fois pour répondre à des questions relatives à des enquêtes. J’étais menacée lorsque je ne voulais pas y aller.

49. A mon départ, j’ai reçu une facture de 89’000 dollars pour l’auditing et les cours reçus pendant mon passage à la Sea Org. J’ai reçu environ 10 appels de différents collègues, y compris Bob Diskin and Renee Norton, pour que je paie la facture. J’ai aussi reçu une vingtaines de lettres à ce sujet.

50. Au huitième mois de ma grossesse, mon ex-mari m’a écrit pour me dire qu’il ne voulait plus rien avoir à faire avec notre fille après sa naissance. Il voulait consacrer tout son temps à la Sea Org. Quand ma fille a eu six mois, je lui ai écrit à propos de la pension alimentaire, n’arrivant pas à assumer notre fille seule. Il ne m’a pas répondu pendant six mois et a interdit à ses parents de nous voir. Jusque-là, ils la voyaient un week-end sur deux et depuis, plus de nouvelles. Ils sont aussi des scientologues. J’ai finalement renoncé à essayer d’obtenir une pension alimentaire de mon ex-mari.

Je déclare sous peine de parjure, au sens des lois des Etats-Unis d’Amérique et de l’Etat de Floride, que ce qui précède est vrai et correct.

Réalisé à Clearwater, Floride, le 24 janvier 2001.

Astra Woodcraft